Bloc-notes

Connaître les modalités de fonctionnement de mes ateliers d’écriture.

Découvrir ou acheter les deux recueils de textes produits en atelier d’écriture.

 

Atelier d’écriture du 16 novembre 2020

Poème Mon rêve familier, de Paul Verlaine, revisité (production du groupe).Chaque mot composé en italique est un mot de remplacement commençant par la même lettre que le mot initial.

Mon raisonnement familier

Je fais souvent ce raisonnement étonnant et profond
D’un foisonnement incroyable, et que j’alimente, et qui m’alimente,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait le même
Ni tout à fait un autre, et m’alimente et me construit.

Car il me comble, et mon cerveau, transcendé
Pour lui seul, hélas ! cesse d’être un poids
Pour lui seul, et le moteur de mes fonctions brillantes,
Lui seul le sait ralentir, en pédalant.

Est-il bon, bête ou risible ? – Je l’ignore.
Sa nature ? Je me souviens qu’elle est délicate et sensible
Comme celle des âmes que le vent emporta.

Sa richesse est pareille à la richesse des songes,
Et, pour sa valeur, légère, et candide, et généreuse, elle a
L’inspiration des valeurs caressantes qui se sont taries.

Poème Hier au soir, de Victore Hugo dans les Contemplations, dont il ne subsiste que les mots composés en gras (production personnelle).

Hier au soir

Hier au soir, ta voix avait l’infinie douceur d’une caresse,
Nous avons marché sous la lune jusque tard ;
La température était douce malgré la nuit épaisse.
Le printemps flirtait avec notre éternelle jeunesse ;
Les astres suivaient nos pas du regard.

Moi, je revois l’heure solennelle
nos lèvres ont échangé des mots doux.
Voyant dans tes yeux une flamme si belle,
J’ai dansé virtuellement avec elle !
Et j’ai prié pour que le ciel prenne soin de nous !

 

Atelier d’écriture du 2 novembre 2020

Chacune devait écrire une recette selon la structure du poème d’Eugène Guillevic.

Prenez une vieille encyclopédie
Aux pages jaunies.

Placez sur sa couverture rigide
Une lampe à huile ancienne
Éclairant la pénombre,

Mettez autour de lui
Un éventail de livres
Au papier odorant.

Laissez-les exister.
Respirez-les.

Chacune devait ensuite écrire un texte libre à partir de l’image et de l’accroche ci-dessous.

« En marche ! Et plus vite que ça, mauvaise troupe !
— « Mauvaise troupe, mauvaise troupe »… Facile à dire. Nous aimerions vous y voir à notre place, mesdames et messieurs les humains ! Quel besoin avez-vous de nous chasser du littoral manu militari puis de nous faire descendre l’escalier qui mène au grand centre urbain quand nous sommes morphologiquement constitués pour grimper sur des falaises, sauter dans la mer, nager sous l’eau et pêcher des poissons ? Ne vous étonnez pas ensuite si nous avançons d’un pas mou, la tête basse, les ailes rentrées, les yeux perdus dans le vide. Le bitume agresse nos pattes palmées. Pourquoi un tel branle-bas de combat ? Si l’objectif de cette sortie exhibition impromptue est de montrer que la République en marche n’est jamais en reste de pingouins, il nous semble que d’autres méthodes plus respectueuses de la cause animale auraient pu être envisagées. Amis défenseurs de la veuve et de l’orphelin, réveillez-vous ! Tout acclimatés que nous sommes aux températures polaires, nous trouvons la douche bien froide. On nous traite comme des animaux de cirque ambulant et, pendant ce temps, la ministre de la transition écologique annonce sans ciller que sera progressivement interdite en France la présentation d’animaux sauvages dans les cirques itinérants. On croit rêver. Il faut dire que les humains ne sont plus à une contradiction ou contorsion près : ils marchent sur la tête, ils prennent leurs jambes à leur cou, ils dansent sur un pied, ils dorment sur leurs deux oreilles, ils écrivent à quatre mains… Dans l’hémicycle du Parlement, ils ont même les chevilles qui enflent, ils votent des lois ou des amendements les yeux fermés, ils ont des visions pour La France rien qu’en regardant leur nombril. In fine, la survie des cirques ne dépend pas des animaux. Les humains, à commencer par les membres du pouvoir exécutif, ont de quoi assurer le spectacle sans eux ! »

 

Atelier d’écriture du 14 octobre 2020

Jeu oulipien ABA/ L’exercice consiste à produire un texte collectif selon les étapes et la progression suivantes : sur la feuille devant soi, chacune note, tout en haut, une phrase de début (A) et, tout en bas, une phrase de fin (A’). Puis, sur la feuille reçue de sa voisine, chacune inscrit au milieu une phrase de liaison (B) chargée de faire sens entre A et A’. Au troisième tour, ce n’est plus une mais deux phrases de liaison (C et C’) qu’il faut imaginer, la première entre A et B, la seconde entre B et A’. Au tour suivant, chacune doit insérer quatre phrases intercalaires. Et ainsi de suite… pour aboutir à l’écriture d’une histoire complète et sensée d’un bout à l’autre de la feuille.

Le service à thé est disposé sur le tatami en attente des invités. Ceux-ci, en entrant, les yeux écarquillés, découvrent une salle de dix tatamis et une niche ornée d’un kakémono. Les invités prennent place sur les tatamis si usés et des coussins étalés par terre si fins que chacun a l’impression d’être agenouillé à même le sol. Mais qu’importe, l’expérience promet d’être belle et unique !
Un silence de plus en plus pur s’étire à croire que le temps s’est arrêté. Chacun observe avec attention les gestes précis de l’homme au kimono bleu. Puis il s’arrête. L’hôte reste immobile, personne n’ose se servir. Quelques longues minutes encore, et il verse le thé matcha dans chaque tasse, sert les occidentaux plein de respect pour ce mélange divin. Tout à coup, le portable sonne. Le vol Tokyo-Paris est annulé, l’aéroport enneigé. Grand désarroi. Et sursaut de tous quand l’assistante, revenue dans la pièce, annonce la mauvaise nouvelle. L’invité spécial que tout le monde attend ne viendra pas. Des murmures de déception précèdent la prise de parole de l’hôte qui improvise un petit discours sur le grand personnage qui n’a pas pu venir.
Le thé a refroidi inexorablement. Dehors la nuit s’est installée et il faut songer à donner de la lumière. À travers son papier de soie, la douce clarté redonne de l’espoir à tous, et une nouvelle cérémonie est envisagée pour le printemps suivant. L’hôte se propose de refaire du thé. Tous acceptent avec plaisir, non sans avoir discrètement étiré leurs jambes sur le côté. Enfin, un matcha chaud finit de les réconforter, et la soirée se termine sereinement. Ravis malgré leurs genoux endoloris, les invités quittent la pièce à regret.

 

Atelier d’écriture du 28 septembre 2020

Chacune devait écrire l’horoscope imaginaire d’une autre personne du groupe.

Coeur : Votre vie sentimentale va connaître des rebondissements exaltants puisque Vénus entre le 28 dans votre signe… Maîtrisez votre libido, ne sous-estimez pas votre pouvoir de séduction, bannissez les décolletés plongeants et résistez à la tentation de courir le guilledou si vous souhaitez construire une relation pérenne. Quand bien même vous multiplieriez les conquêtes amoureuses bien cachée derrière votre masque, un ami, une connaissance pourrait vous identifier, et la nouvelle pourrait remonter jusqu’aux oreilles de votre partenaire. Un président dont je tairai le nom s’est fait prendre à ce jeu-là… L’insoupçonnable bourreau des cœurs espérait passer incognito sous son casque de scooter.

Travail : Vous aurez quelques difficultés à vous concentrer sur vos activités professionnelles. Distraite par vos rêveries sentimentales, vous accumulerez tant de retard que la pression ira crescendo et ralentira, voire bloquera, vos fonctions intellectuelles. Si vous participez à un atelier d’écriture et que vous soyez nouvelle dans le groupe, soignez votre image.

Santé : Faites attention à votre cœur ! Entre excitation physique et tension nerveuse, il sera durement sollicité. Protégez également vos articulations en faisant chaque jour des exercices de renforcement musculaire.